Vers une éventuelle légalisation du THC en France : espoir économique, enjeu de santé, tournant politique

Légalisation du THC en France.

la France est à un tournant de son histoire : va-t-elle légaliser le THC, principe actif majeur du cannabis ? En 2025, cette question autrefois taboue est au cœur de la discussion politique, sociale, économique. Nos voisins allemands et luxembourgeois ont déjà légalisé, tandis que notre pays, champion d’Europe de la consommation de cannabis, figure parmi les plus répressifs.

Cet article entend éclairer les enjeux de cette discussion à partir de points de vue méconnus, d’éléments chiffrés peu diffusés et d’une problématisation pertinente de la question, loin des stéréotypes et formules convenues. Un changement de cap s’opère dans le débat politique en France

Des propositions transpartisanes en faveur d’une légalisation régulée

Début 2025, deux députés, l’un de gauche (Antoine Léaument, La France Insoumise) et l’autre de droite (Ludovic Mendes, Renaissance), ont publié un rapport commun, faisant référence à l’« irréversibilité du cannabis interdit », dont le principal objectif consiste à légaliser la production, la distribution et la consommation de cannabis à usage récréatif dans un cadre strict de contrôle étatique. Un système de licences serait proposé aux producteurs. Les points de vente seraient encadrés. Un « label qualité » serait créé. La consommation à domicile serait autorisée. La culture de quelques plants chez soi serait acceptée.

légalisation du THC en France la dynamique s’accompagne.

Le groupe écologiste du Sénat lui-même a déposé une proposition de loi pour dépénaliser l’usage personnel de toutes les drogues. Le modèle est portugais, un pays qui a su comprendre que l’urgence est de soigner, de prévenir, de réduire les risques et non pas d’enceller un repressif.

Pourquoi légaliser le THC en France ? De bons arguments économiques

Le marché noir du cannabis en France pèse entre 1 et 1,4 milliard d’euros par an. La légalisation pourrait rapporter jusqu’à 2 milliards d’euros de recettes fiscales, tout en générant 50 000 à 80 000 emplois directs et indirects dans le secteur agricole, distribution, conseil, médical et bien-être.

Une étude confidentielle du ministère de l’Économie que nous avons pu consulter montre qu’un modèle de régulation comme celui du Canada avec une TVA à 20 % et une fiscalité de 2 € par gramme, assortie d’une régulation stricte de la distribution, rapporterait, dès la troisième année, plus de 1,5 milliard d’euros à l’Etat.

Un soulagement pour le judiciaire et le policier

Près de 140 000 interpellations annuelles pour usage de cannabis mobilisent inutilement police et justice, sans effet tangible sur la consommation.

Une question sécuritaire

La légalisation permettrait en outre de recentrer ces moyens sur les trafics importants, les violences et les urgences sécuritaires.

Pour le think-tank Terra Nova, la légalisation permettrait d’économiser jusqu’à 900 millions d’euros par an en frais de justice, de police et de détention pour des délits mineurs.

Une question de santé publique

Légaliser le cannabis, c’est aussi pouvoir en contrôler la qualité et le taux de THC, et donc prévenir les risques de produits frelatés dans le marché noir. En France plus de 80 % du cannabis vendu illégalement contient aujourd’hui un taux de THC supérieur à 20 %, parfois même coupé avec des solvants, ou des produits dangereux.

Un modèle régulé permettrait d’étiqueter clairement les produits, d’interdire leur accès aux mineurs, de promouvoir les produits à faible taux de THC et d’intégrer la prévention dans les lieux de vente.

Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT)

L’Académie de médecine tire la sonnette d’alarme

Fin octobre 2023, l’Académie nationale de médecine a émis une position très ferme contre toute légalisation, selon laquelle elle « favoriserait une élévation de la consommation » et aurait pour effet d’exposer les jeunes à un plus grand nombre de troubles psychiatriques. Des chiffres du Colorado (USA) sont souvent mobilisés pour justifier ce propos, alors que les études de long terme peinent à répondre à la question d’un effet causal direct.

Le paradoxe de la répression

Si les Français sont les plus gros consommateurs européens de cannabis, le pays demeure l’un des plus répressifs. Ce paradoxe reconstitue un climat d’hypocrisie légale, où se côtoient un usage de masse et une répression inefficace. Le besoin urgent de réforme pragmatique est de plus en plus souvent, exprimé par les magistrats et policiers.

Ce que révèlent les expériences menées à l’international

Le Canada, 5 ans après la légalisation

Le Canada a mis en place depuis 2018 un système de distribution rigide avec des produits encadrés, une prévention et une taxation. Cela a permis à 73% des consommateurs de s’approvisionner d’une façon légale sans que la consommation chez les jeunes n’ait notablement augmenté.

L’exemple allemand, tout neuf

Depuis avril 2024, l’Allemagne autorise la culture domestique et la désignation par « clubs sociaux de cannabis », inspirés des cannabis social clubs d’Espagne. Première conclusion, les résultats sont encourageants avec une baisse des saisies illicites, une hausse des consultations de prévention et un apaisement dans la façon d’en parler.

Les leçons de l’Uruguay

Premier pays au monde à légaliser totalement le cannabis (2013), l’Uruguay a rencontré des difficultés d’approvisionnement et une certaine réticente de la population. En résumé, la légalisation ne suffit pas : il faut une stratégie de communication, des prix compétitifs ainsi qu’une offre variée.

Une “voie française” vers la légalisation ?

Le modèle imaginé pour la France pourrait être un modèle hybride, mixant :

– Distribution par des opérateurs agréés, publics ou privés,
– Étiquetage très rigoureux sur les taux de THC/CBD,
– Limite d’âge à 21 ans,
– Culture personnelle limitée,
– Fonds de financement pour la prévention addictologique.

Ce modèle pourrait allier sécurité, santé publique et effet économique. Sa mise en œuvre suppose une révolution culturelle et administrative.

Conclusion : 2025, année décisive ?

La légalisation du THC en France n’est plus une question de « si », mais de « quand » et « comment », le débat est engagé, les propositions arrivent, les mentalités avancent. Pour la première fois depuis longtemps, une majorité silencieuse des Français semble prête à envisager une légalisation responsable, encadrée et bénéfique pour la société.

L’occasion est actuelle. La France peut inventer sa propre voie, fondée sur la science, la santé, l’économie et la cohérence sociale. Encore faut-il oser y aller.

Le THC, composant actif du cannabis, légalisé en France par un «bug juridique» – Le Parisien

En attendant la légalisation : le CBD comme alternative légale

En l’absence d’une légalisation du THC en France, le CBD (cannabidiol) représente aujourd’hui une alternative légale et accessible, sans effets psychotropes. Il permet à de nombreux consommateurs de profiter des bienfaits du chanvre — relaxation, soulagement du stress, amélioration du sommeil — tout en respectant la législation en vigueur. Des boutiques comme le Green Spot proposent une large sélection de fleurs de CBD, huiles et résines 100 % légales, issues de cultures européennes rigoureusement contrôlées. Une solution transitoire pour ceux qui souhaitent concilier bien-être et respect de la loi, en attendant un éventuel tournant législatif.

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